L’annonce du futur retrait de Langenthal du hockey professionnel pose plein de questions. La première qui nous vient à l’esprit: cette deuxième division a-t-elle encore un intérêt pour le HCC, Olten, Viège et Sierre, ces clubs qui ont encore des ambitions et des projets?

Sur les réseaux sociaux, plusieurs amoureux du hockey offrent une réponse malheureusement très tranchée…

La Swiss League commence à payer toutes les dernières décisions unilatérales de la National League.

Sébastien Pico, directeur général du HC Viège

Ainsi, à peine la SL – contrainte par la National League (NL) – vole-t-elle de ses propres ailes que son existence est déjà remise en cause.

De quoi réactiver en coulisses de vieilles idées, comme celles de la création d’une ligue plus régionale (avec le concours des clubs de MyHockey League, 3e division) ou carrément de se tourner vers l’étranger et les championnats voisins.

La Swiss League, «ce cimetière»?

Le HC Ajoie vit un calvaire dans l’élite? C’est semble-t-il toujours plus doux que d’être coincé dans «ce cimetière» qu’est la SL, déclarait dans le «Matin dimanche» Mathias Joggi, l’homme (aujourd’hui entraîneur des juniors) qui a propulsé les Jurassiens en NL.

Ce n’est pas la première fois que la deuxième division est secouée par des tempêtes. On se souvient de la faillite de Forward Morges ou des allers-retours de Martigny, éternel ascenseur entre le hockey pro et amateur. En quoi la disparition de Langenthal serait-elle la marque d’une époque différente?

Problème de structure décisionnelle

D’abord, ce club est le plus capé de tous, en SL. Mais les Bernois, toujours aussi solides sur la glace, semblaient depuis plusieurs mois engagés sur une voie sans issue, après le refus par leur population d’un projet de nouvelle patinoire.

Ce qui n’empêche pas Sébastien Pico, le directeur général du HC Viège, de déclarer qu’avec le retrait de Langenthal, «la SL commence à payer toutes les dernières décisions unilatérales de la NL».

Le responsable haut-valaisan énumère le divorce entre les deux ligues, la fin des recettes financières issues de la Coupe de Suisse et surtout des droits TV pour la SL, l’augmentation à six du nombre de joueurs étrangers, etc. «Il a un vrai problème de structures dans l’appareil décisionnel du hockey suisse», martèle-t-il.

Nous sommes des partenaires indispensables des clubs de National League.

Olivier Calame, président du HC La Chaux-de-Fonds

Pour différentes raisons et circonstances, la deuxième division helvétique est un produit qui se vend mal. Et depuis quelques mois, tout le monde tient le même discours: il faut sauver la SL et maintenir deux ligues professionnelles en Suisse.

«Nous sommes des partenaires indispensables des clubs de NL, notamment pour permettre aux jeunes d’acquérir le format de l’élite», rappelle le président du HCC, Olivier Calame. Cette saison, en comptant les Lémaniques Viktor Östlund et Eliot Berthon, le club chaux-de-fonnier a «donné» un total de 75 matches à 10 joueurs, tous «propriétés» de clubs de NL.

Ce petit marché qu’est la Suisse a-t-il les moyens d’entretenir deux divisions de sport spectacle? Et surtout, au-delà des discours de façade, tous les clubs de ligue nationale sont-ils prêts à tirer à la même corde pour le bien du hockey suisse?

Un concept «intéressant» sur la table

«Je rappelle que pour la première fois, la décision de fixer un certain nombre de joueurs étrangers pour le barrage de promotion-relégation (réd: quatre le printemps prochain) a fait l’objet de véritables négociations, et n’est pas le fruit d’une cordiale entente», souligne Sébastien Pico.

Et les discussions ne sont pas terminées. Avant Noël, les clubs de ligue nationale vont se réunir autour d’une proposition de la fédération suisse censée sauver la SL. Nous n’en connaissons pas le contenu, mais Loïc Burkhalter, le directeur sportif des Abeilles, qui lui est au parfum, estime que ce serait «une solution intéressante».

Coire, Arosa et Martigny veulent monter

Ce concept se rapproche-t-il des souhaits dont le directeur général du EHC Olten Patrick Reber nous a fait part, à savoir l’établissement, à terme, d’un équilibre numérique entre les deux ligues pros (12 équipes chacune)?

Avant de rêver à agrandir le paquebot, il va falloir colmater les brèches. Langenthal se retire et tous les doutes sur la viabilité de Winterthour et des Ticino Rockets ne sont pas levés. Bien sûr, il y a des candidats de MyHockey League à l’ascension.

Lesquels? Coire, Arosa et… Martigny, selon Sébastien Pico. Ces équipes font-elles frémir le public chaux-de-fonnier? On est prêt à parier que non.

Combien d’équipes de Swiss League (SL) font-elles encore rêver? L’époque des derbies contre Lausanne, Bienne et Ajoie est morte et enterrée. Une formation comme celle des GCK Lions joue bien au hockey, mais le public des Mélèzes a un cœur, et celui-ci ne battra jamais aussi fort que contre les Ajoulots ou les Lausannois.

Hockey sur glace: le retrait de Langenthal, déclic ou début de la fin?

Le club bernois a annoncé qu’il se retirerait de la Swiss League au terme de la saison. Un vrai signal d’alarme pour la deuxième division suisse.