null La Déclaration universelle des droits de l’homme a marqué un tournant dans l’Histoire de l’humanité: alors que le droit international ne s’occupait auparavant que des relations entre les Etats, il s’est aussi penché depuis lors sur le comportement des gouvernements à l’égard de leur propre population. Les horreurs commises avant et lors de la Seconde guerre mondiale sous le régime hitlérien ont conduit à cette évolution: on ne pouvait accepter sans réagir une telle conduite d’Etats membres d’une «communauté internationale» en devenir.

Est-ce encore le cas? Un livre récent d’Isabelle Mandraud et Julien Théron, «Le pacte des autocrates», nous démontre que, emmenés par la Chine, un nombre croissant d’Etats dictatoriaux ou dont la démocratie n’est que de façade, quoique ayant des intérêts divergents, ont en commun à la fois un mépris des droits de l’homme – presse étouffée, justice instrumentalisée, dissidents éliminés – et le credo de ne s’occuper en rien des exactions commises chez eux par leurs pairs ou leurs partenaires commerciaux. Or, leur influence va croissante et ils ont même réussi à phagocyter le Conseil des droits de l’homme.

Quant à l’attitude des Etats démocratiques, leur pouvoir d’influencer les choses est bien maigre, d’une part parce que nombre d’entre eux sont loin d’être exemplaires, d’autre part parce qu’ils donnent la priorité à leurs intérêts commerciaux.

Les peuples opprimés vont-ils se soulever? Plusieurs ont tenté de le faire et la jeunesse iranienne nous en donne encore un exemple admirable, mais le prix à payer est si lourd qu’ils finissent le plus souvent par accepter ces contraintes pour autant qu’ils aient de quoi se nourrir, s’habiller, se loger et se distraire: «panem et circenses» disaient déjà les Romains.

Quant à l’attitude des Etats démocratiques, leur pouvoir d’influencer les choses est bien maigre, d’une part parce que nombre d’entre eux sont loin d’être exemplaires – invasion de l’Irak, torture à Guantanamo, prisons secrètes en Europe… – d’autre part parce qu’ils donnent la priorité à leurs intérêts commerciaux.

On peut donc aujourd’hui sérieusement craindre que l’entrée des droits de l’homme dans la sphère internationale n’ait été qu’une parenthèse dans l’histoire. Sans renoncer toutefois à soutenir autant que possible et partout où ils mènent ce combat, les héros qui se battent malgré tout pour leur respect au risque de leur liberté, voire de leur vie.

Les droits de l’homme, parenthèse de l’histoire?

Yves Sandoz, professeur honoraire de droit international humanitaire, se questionne quant à l’application actuelle des principes des droits de l’homme face à la montée des régimes autocratiques.