null Pour être écouté, votre voix est une alliée de choix. Ses variations apporteront du corps à votre discours et permettront d’avoir un impact sur l’attention du public.

Les fluctuations sonores et le phrasé forment la prosodie d’un discours, qui fait partie de l’art rhétorique. Un travail prosodique est indispensable, car il offre du relief aux propos.

Voici quelques incontournables pour vous aiguiller dans vos prises de parole: Un débit rapide avec des intonations neutres sert à l’émetteur du message. Les études tendent à montrer qu’un tel débit crédibilise et rend le propos solide. L’orateur n’a pas besoin de réfléchir pour transmettre son discours.

A contrario, un débit lent avec des intonations marquées est plutôt en faveur du message. Ce type de débit augmente le taux de rétention des propos. Comme exemple, on peut citer le néologisme «abracadabrantesque», employé par Jacques Chirac lors d’une interview en 2000 et resté dans les mémoires. L’ancien président français a employé ce terme, le faisant suivre d’un silence de quatre secondes, ce qui est une aposiopèse en rhétorique.

Un débit lent avec des intonations faibles crée, quant à lui, du lien entre l’émetteur et son public. C’est un débit utilisé dans des circonstances particulières. Les oraisons funèbres par exemple seront lentes avec une voix faible.

Comme un peintre colore une toile, votre voix doit venir colorer vos propos.

Mais attention, car si la prosodie est une alliée, elle peut se retourner contre celle ou celui qui en abuse. Une prosodie inadaptée vous fera tomber dans l’artifice. Pire, dans le manque de respect.

Prenons un exemple concret. Des élus politiques doivent prononcer un discours faisant suite à des émeutes meurtrières. Certains d’entre eux seront tentés de laisser parler leur colère. Ils regarderont le public dans le blanc des yeux en promettant une punition à la hauteur des violences perpétrées. Ce faisant, ils en oublieront la douleur des victimes… Une prosodie inadaptée peut choquer.

Comment améliorer sa prosodie? Le mimétisme vocal est un exercice que vous ne trouverez nulle part ailleurs. Comme un peintre colore une toile, votre voix doit venir colorer vos propos. Dans la séquence «j’ai un immense problème», les effets seront sensiblement différents si vous colorez «l’immensité » avec votre voix. Pour l’illustrer à l’écrit, il s’agira de passer d’un «j’ai un immense problème» à un «j’ai un IMMENSE problème».

En plus de travailler l’attention du public, le mimétisme vocal opère un travail sur le relief de vos propos. Une «IMMENSITÉ» prononcée correctement dégagera plus de sens qu’une «immensité» timide et anesthésiante.

Ne soyez pas ce mur lisse qui n’offre aucune perspective d’élévation. Apprenez à jouer avec la prosodie du discours.

Comment capter l’attention de son public?

Le conseiller en stratégie de communication et chargé de cours en art oratoire Matthieu Wildhaber nous explique comment susciter l’attention d’un public en usant de variations de voix.