La révolution sera en marche sur les planches du théâtre du Concert, à Neuchâtel, samedi 26 et dimanche 27 novembre. La danseuse bevaisanne Tamara Gvozdenovic, formée à la prestigieuse Trinity Laban School Londres, donnera corps en solo à la pièce de la chorégraphe bâloise Tabea Martin, intitulée «Demain est annulé».

«Tabea Martin n’a pas choisi de focaliser l’attention sur une révolution en particulier», explique Tamara Gvozdenovic, basée à Bruxelles depuis douze ans. «Il est plutôt question d’un personnage qui est 'contre', contre plein de choses différentes, un peu comme on le fait sur les réseaux sociaux sans aller au bout de la démarche. Mais au fil du spectacle, elle avance…»

Devoir préliminaire

Tamara Gvozdenovic, qui danse notamment pour la fameuse troupe belge Peeping Tom à Bruxelles, a déjà travaillé à de multiples reprises pour la chorégraphe bâloise. Celle-ci avait déjà présenté au public neuchâtelois une trilogie consacrée à la mort, dont les trois volets étaient intitulés «This Is My Last Dance» (2018), «Forever» (2019) et «Nothing Left» (2021).

Lorsque la chorégraphe a recruté son équipe pour cette nouvelle création, elle a donné à chacun un devoir préliminaire: lire «Essai sur la révolution», d’Hannah Arendt, paru en 1963. Elle avait décidé que ce livre, dans lequel la philosophe analyse les mécanismes d’une révolution, servirait de fil rouge à la pièce.

Créer des saynètes

S’en est suivi le travail de création proprement dit, auquel la danseuse a très largement participé. «Tabea ne transmet pas des mouvements, mais des pistes. C’est moi qui ai proposé la matière chorégraphique, de manière improvisée.»

Tamara Gvozdenovic a ainsi dansé une heure chaque jour, expérimentant, essayant des choses, des idées, des mouvements, guidée par la chorégraphe. «Tabea a pris des notes et a tout filmé. Ensuite, on a discuté et on a gardé les idées que l’on trouvait intéressantes. Et nous avons aussi jeté énormément de matière.»

Le teaser de la pièce «Demain est annulé»

La pièce est très théâtrale, «Tabea est davantage metteuse en scène que chorégraphe», commente la danseuse. «Ce qui l’anime, c’est de créer des saynètes, avec parfois du texte ou de la voix.» Ce qui n’était pas forcément évident pour la Neuchâteloise: «Le théâtre, j’ai l’habitude, mais le chant, je ne suis pas à l’aise. Mais j’ai dû le faire et j’ai réussi à trouver une manière qui me convient.»

Du sang sur la scène

Le résultat est une pièce intense, très intense: «Je crie, je saute, je n’arrête pas. A Bâle, lors des premières représentations, j’ai fini avec des plaies partout, il y avait du sang sur la scène.»

Agée de 35 ans, Tamara Gvozdenovic sait qu’elle ne pourra plus se livrer à ce genre de performances extrêmes pendant des années. «Tous les danseurs se posent ces questions à un certain âge. En Suisse, on a la chance d’avoir des possibilités de reconversion professionnelle. Je me suis déjà beaucoup diversifiée, j’enseigne énormément, et j’ai aussi créé ma propre compagnie.»

En attendant, la danseuse compte bien offrir au public neuchâtelois le meilleur spectacle possible. «J’ai revu la captation de la pièce que nous avons faite à Bâle et j’ai tout analysé. Encore aujourd’hui, je ne comprends pas tout. Mais au fur et à mesure des représentations, on trouve des solutions et on avance.»

Infos pratiques

Neuchâtel, théâtre du Concert, samedi 26 novembre à 20h et dimanche 27 novembre à 17h. Infos/réservations auprès de l’ADN, à l’adresse info@danse-neuchatel.ch ou par téléphone au 079 643 95 32

Danse: la révolution selon Tamara Gvozdenovic à Neuchâtel

Danseuse bevaisanne basée à Bruxelles, Tamara Gvozdenovic présentera ces 26 et 27 novembre à Neuchâtel «Demain est annulé», une performance solo de haute intensité. Entretien.