Lunettes de soleil miroir et perfecto, Thomas Wroblevski a des allures de rocker. Révolté mais pas sauvage pour autant, ce Neuchâtelois vit dans la précarité. S’il s’engage en politique, c’est aussi pour garder le moral.

«Je ne suis pas un vrai candidat, je suis un bouton stop.» S’il devait être élu à la succession du conseiller d’Etat Laurent Kurth le dimanche 26 novembre, ou à l’issue d’un éventuel deuxième tour le 17 décembre, Thomas Wroblevski promet de démissionner pour annuler l’élection.

Il espère que la crise dans laquelle plongerait la République sera salutaire. Soit qu’elle conduise à une amélioration du système politique.

«Cela ferait beaucoup de bruit et ouvrirait une brèche dans les rouages», explique le candidat. Pour lui, les élections les plus «égalitaires» possible devraient se faire par tirage au sort.

La première étape est de faire reconnaître le vote blanc. Celui-ci est considéré comme nul et n’est pas pris en compte dans les résultats des élections et votations.

Un tel vote n’est pourtant pas synonyme d’abstention. Il exprime la difficulté, pour une partie de la population, à se positionner, par exemple face à des candidats qui ne leur conviennent pas.

Ce combat, Thomas Wroblevski le mène depuis dix ans. Il se présente régulièrement aux élections, avec peu de moyens. Comment expliquer une telle persévérance?

«Avoir un projet à long terme me permet d’éviter l’exclusion sociale», explique le Neuchâtelois de 36 ans. «J’ai toujours eu beaucoup de problèmes de santé. Atteint d’une maladie auto-immune, je vis dans un état de burn-out permanent. Tout me demande une énergie folle. Je travaille beaucoup sur moi-même en pratiquant la méditation.»

Thomas Wroblevski est animé par un sentiment d’injustice sociale. «Ma situation personnelle a surtout des raisons politiques. Fauché, je vis dans la précarité. Ma rente invalidité ne me permet même pas de payer le loyer. Comme je n’ai jamais vraiment pu travailler, je n’ai droit qu’à une rente minimale et j’ai recours à l’aide sociale. Des milliers de gens sont dans ma situation. On ne nous aide pas assez.»

Un temps comédien au théâtre, le trentenaire se présente comme «technicien civique» désormais. «C’est un métier que j’ai inventé.» Il travaille autour d’un projet nommé «modernocratie», un «lobby citoyen pour la démocratie». A terme, cette plateforme sur internet doit aider au lancement d’initiatives populaires ou de référendums.

«Exercer ces droits demande beaucoup de forces et de moyens financiers», constate Thomas Wroblevski. «Ce sont des droits pour les riches. Il faut les démocratiser. Quand le réseau fonctionnera, les partis politiques deviendront obsolètes.»

Election au Conseil d’Etat neuchâtelois: Thomas Wroblevski ou «le bouton stop»

Son but est d’annuler l’élection au gouvernement neuchâtelois du 26 novembre. Nihiliste, Thomas Wroblevski? Non, plutôt idéaliste.