La Confédération demandera-t-elle des comptes à la Fédération internationale de football (FIFA), qui a affirmé que la Coupe du monde au Qatar était neutre en carbone? La communication de la fédération sportive a été considérée par de nombreux acteurs comme du greenwashing (écoblanchiment).

Un rapport de l’ONG Carbon Market Watch, basée en Belgique, montre notamment que la FIFA n’a pas pris en compte toutes les émissions de CO2 générées par la construction des sept stades qui ont accueilli les footballeurs.

Assistée par les Avocat·es pour le Climat, l’Alliance climatique suisse – qui regroupe 130 organisations dont Amnesty International, Greenpeace, le WWF et Public Eye – demande que la Suisse «condamne publiquement l’organisation sportive et dépose éventuellement une plainte à son encontre».

Les organisations ont adressé une requête en ce sens au Secrétariat d’Etat à l’Economie (Seco).

Loi sur la concurrence déloyale

La fédération sportive avait déjà été épinglée en juin par la Commission suisse pour la loyauté, organisme de contrôle de la publicité. Celle-ci avait conclu à une communication déloyale autour de la neutralité climatique de la Coupe du monde 2022. Ce jugement n’est toutefois pas contraignant.

Les organisations veulent désormais aller plus loin.

«Il est important pour nous de mettre la Confédération devant ses responsabilités. Si le Seco va de l’avant avec une plainte pénale, cela donnera un signal fort et signifiera que la Suisse ne tolère pas l’écoblanchiment», défend Arnaud Nussbaumer-Laghzaoui, président des Avocat·es pour le climat.

Selon l’avocat, la FIFA pourrait être condamnée pour infraction à la Loi sur la concurrence déloyale (LCD). Cette loi permet également à la Confédération de condamner publiquement le comportement de la fédération sportive, ce que les organisations de l'Alliance climatique l’encouragent à faire.

Seules la Confédération ou les associations de protection des consommateurs sont habilitées à porter plainte

Arnaud Nussbaumer-Laghzaoui, président des Avocat·es pour le climat

«L’exercice de cette faculté se justifie d’autant plus que la FIFA organise chaque année un ou plusieurs événements sportifs de grande ampleur, de sorte que le risque qu’elle recoure à nouveau à des affirmations environnementales trompeuses doit être qualifié de particulièrement élevé», écrivent-elles dans leur lettre au Seco.

Pourquoi ne portent-elles pas elles-mêmes plainte? «Seules la Confédération ou les associations de protection des consommateurs sont habilitées à le faire», répond Arnaud Nussbaumer-Laghzaoui.

La dernière option a été envisagée mais l’Alliance climatique a préféré s’en remettre directement à la Confédération.

Les défenseurs de l’environnement espèrent faire de cette affaire un cas d’école. Les allégations trompeuses de la FIFA sont, selon eux, problématiques, dans la mesure où elles font perdre toute crédibilité aux acteurs économiques qui sont réellement écoresponsables.

Pour Arnaud Nussbaumer-Laghzaoui, ces affirmations mensongères ont également un impact sur les citoyens amenés à s’exprimer à propos du climat lors d’élections et de votations. «Parler de neutralité carbone sans fondement laisse penser que le problème du réchauffement climatique est traité, alors qu’il ne l’est pas», alerte-t-il.

Directive européenne

Des réflexions sur le greenwashing sont en cours au niveau européen. La Commission européenne propose, via une directive, d’instaurer des critères communs pour lutter contre l’écoblanchiment et les allégations environnementales trompeuses.

Elle vise ainsi à «établir des conditions de concurrence équitables pour ce qui est de l’information sur la performance environnementale des produits». Une étude qu’elle a menée dans les pays de l’Union européenne révèle en effet que la moitié des allégations environnementales sont «vagues, trompeuses ou infondées».

Interrogé, le Seco ne se prononce pas sur une éventuelle plainte ou condamnation publique. Il affirme avoir pris connaissance de la recommandation de la Commission pour la loyauté. «Nous sommes en train d’examiner les faits», rapporte Fabian Maienfisch, porte-parole.

Le Courrier

La FIFA transfère une centaine d’emplois de Zurich à Miami

Certains départements de la FIFA seront bientôt transférés de Zurich à Miami. Une centaine de postes sont concernés.